Les discours et publications se multiplient autour d’un concept qui s’est érigé en un temps record comme un problème de santé publique majeur.
L’expression « risques psychosociaux » (RPS) est apparue au cours des années 2000 dans les préoccupations des professionnels de la santé au travail. Si le terme « stress » a longtemps servi de cadre de référence, les risques psychosociaux sont en réalité apparus dès les années 1970 en relation avec les changements profonds du monde du travail[1].
Les risques psychosociaux impliquent des concepts qui désignent soit :
· des causes dont l’origine est professionnelle, qualifiées de risques professionnels (liés à l’organisation ou au management)
· des effets sur la santé (stress, harcèlement, violence interne ou externe, burn-out, addictions, souffrance).
La difficulté qui réside dans leur définition est qu’ils se trouvent au carrefour des sphères personnelles et professionnelles, touchent à la subjectivité, avec des troubles difficiles à authentifier[2].
Le cas de la Suisse
Pour le Secrétariat d’Etat à l’économie suisse, les risques psychosociaux désignent des risques pour la santé tels que :
- le stress ;
- le burn-out ;
- la monotonie ;
- les atteintes à l’intégrité personnelle (le mobbing ou le harcèlement sexuel par exemple).
Ces risques sont dus à une conception et une organisation du travail insuffisantes ainsi qu’à un mauvais environnement social sur le lieu de travail.
Ils peuvent avoir des conséquences néfastes sur :
· le psychisme (dépression, trouble anxieux) ;
· le physique (TMS[3], maladie cardio-vasculaire, diabète) ;
· le comportement au travail (repli, perte de motivation, baisse de performance, dépendance à des substances) ;
· l’entreprise (perte de rendement, coûts liés aux absences et maladies).
Notons qu’en Suisse, différentes dispositions légales[4] obligent l’employeur à protéger la santé physique et psychique des travailleur-se-s. L’employeur peut donc être tenu pénalement responsable s’il a insuffisamment veillé à la protection de la santé psychique et physique des travailleur-se-s, que ce soit en matière d’ergonomie comme d’organisation du travail.
Rappelons qu’en Suisse :
· 1’300’000 travailleur-se-s se déclarent souvent voire très souvent stressé-e-s sur leur poste de travail (plus de 30% d’augmentation en dix ans)[5].
Environ 1’600’000 jours d’absence professionnelle par année sont liés aux risques psychosociaux, ce qui représente 967 millions de francs en termes de coûts directs et indirects[6].
En Suisse, les contraintes les plus fréquentes sur le plan organisationnel sont :
- le rythme de travail ;
- la pression par rapport aux délais ;
- les interruptions de travail[7].
Or, selon l’OMS, les bonnes pratiques en matière de gestion des risques psychosociaux sont bien souvent le reflet de bonnes pratiques dans la gestion d’entreprise.
La difficulté principale qui réside dans la gestion des risques psychosociaux est qu’il est difficile de les mesurer ou chiffrer à l’aide d’appareils. En effet, ces risques sont souvent liés à des contraintes psychiques qui sont rarement faciles à aborder pour les employé-e-s de l’entreprise, par peur de conséquences négatives telles que la perte de leur emploi.
La gestion des risques psychosociaux demande donc une coopération étroite de la hiérarchie de l’entreprise avec tous les spécialistes de la prévention dans l’entreprise : Responsable Sécurité, DRH et autres spécialistes qualifiés[8].
Notes :
[1],4 Leduc, S., & Valléry, G. (2012). Les risques psychosociaux. Presses Universitaires de France.
[3] Troubles musculo-squelettiques (lombalgie, tendinite, syndrome du canal carpien etc.)
[4] Art. 55 et 328 CO, Art. 6, 59 et 60 LTr, Art. 3 OLT 3, art. 82 LAA principalement
[5] Service de centralisation de la statistique de la LAA ; Grebner, S. et al. (2010). Le stress chez les personnes actives occupées en Suisse — Liens entre conditions de travail, caractéristiques personnelles, bien-être et santé.
[6] on estime au moins à 300CHF/ jour le coût d’une absence professionnelle en termes de coûts directs et indirects confondus. (Läubli & Müller, 2009).
[7] Ramaciotti, D., & Perriard, J. (2000). Les coûts du stress en Suisse.
[8] SECO (2014). Conditions de Travail. Les facteurs de risques psychosociaux au travail.